Novosphère (9)
Je me réveillais allongée sur un lit, à côté d’une femme qui me ressemblait. Je mis un temps à revenir à la réalité. Je me souvins avoir rencontré des personnes dans un autre monde, une réalité parallèle. Je me souvins d’y avoir croisé mon double. Je me rendormis.
Les jours passèrent et je luttais constamment contre la mort. Mon corps ne comprenait pas ce qu’il lui arrivait. Je n’avais reçu aucune balle. Je n’étais pas blessée. Pourquoi étais-je entre la vie et la mort ? Lors d’une période de conscience, on vint me féliciter. Apparemment j’avais détruit le robot central. Thom m’apprit que mon malaise était dû à une blessure de mon double. Elle s’était fait tirée dessus en partant à ma recherche. S’il n’avait pas été là, nous serions mortes. On nous avait transportées à Pikaïa
Petit à petit, je récupérais mes forces, ma mobilité, mon esprit. Mon double était sauvé. Nous étions sauvées. On continuait à se presser à mon chevet pour me soutenir, me remercier, puis un jour ce fut autour du capitaine.
- Je ne saurais jamais comment vous remercier. Vous avez sauvé notre monde. Vous nous avez rendu notre liberté, notre véritable condition d’humains. Je ne peux rien faire excepté vous poser cette question : souhaitez-vous rentrer dans votre monde ? … Je comprends que vous souhaitiez réfléchir, peser le pour et le contre … Je vous souhaite un prompt rétablissement.
Il quitta la pièce sans bruit me laissant seule dans ce silence, seule à réfléchir. Si ma vie était liée à celle de mon double, pourquoi la quitter ? Si ce monde était en reconstruction, pourquoi ne pas recommencer ma vie ici ? Mes amis de l’autre monde me manqueraient, mais leurs doubles se trouvaient ici. Il me suffisait de les chercher. Ce fut un long débat intérieur dans lequel la balle revenait toujours au centre. Et puis, je fis mon choix.
La voilà, la lueur qui m’avait emportée dans ce monde était sur le point de m’en soustraire. Je me retrouvais de nouveau à flotter, à voyager dans cette faille séparant nos deux mondes. Mon double m’avait promis de m’informer des évènements de son monde. La laisser me rassurait et m’inquiétait. Je savais qu’à présent je ne pouvais pas vivre ma vie comme je le souhaitais. J’étais liée à elle. Ma mort entraînerait la sienne. Je devais être prudente.
J’atterris directement chez moi. Un message m’attendait : « Bienvenue chez toi. » Je savais qu’il y aurait toujours un œil bienveillant qui me suivrait, qui m’épaulerait. Je n’étais plus seule.
FIN